N'ayant que peu de temps pour lui répondre à ce moment là, je lui ai demandé de préciser un peu sa situation. Voici l’échange qui s'en est suivi.
Bonsoir Steff,
tout d'abord merci pour cette rubrique qui va peut-être m'éclairer ;0)
Je suis Maman de 4 Princesses (Cassandre et Lou-Anne auront 6ans fin Aout,Ninon aura 4 ans le 12 Juin et Louison 8 mois dans 2 jours).
Ma question concerne l'autorité ou plutôt mon absence totale d'autorité (quoique je n'aime pas ce mot). Je suis en congé parental depuis la naissance de mes premières puces et donc à la maison en permanence (j'adore ça!!!). Je suis anti-fessée mais je ne sais pas comment faire pour qu'elles m'écoutent et respectent ce qui est bien (je pense) pour elles. J'ai tendance à répéter 10 fois la même chose sans effet,du coup,je hausse la voix et rien n'y fait.
A l'inverse,mon Chéri pense que la fessée peut aider et là est notre seule divergence. Il me fait remarquer que ma méthode "douce" (comprendre,discuter,expliquer) est vaine!!!! Que faire?
Sinon,une de mes grandes a tendance à s'isoler devant sa télé (limite elle zappe le repas ou le dessert) et si j'éteins la télé de force,c'est la crise! Elle dénigre son autre soeur en la rabaissant et se braque facilement,nous sommes désemparées face à son attitude! A l'école,c'est l'élève modèle . Que me conseillez vous?
Merci beaucoup de votre aide,bonne soirée.
Emmanuelle
Bonsoir Emmanuelle,
Merci pour votre message ,
Je prends le temps de vous répondre dès demain. J'avoue ce soir être bien au
bout de ma journée!
Pourriez-vous me préciser un peu la situation (d'autorité) s'il vous plait.
A quel moment avez-vous du mal à obtenir ce que vous souhaitez de vos
enfants?
Comment vous y prenez vous? (si possible avec un exemple.)
Dans le quotidien , où avez vous l'impression de manquer d'autorité?
N'hésitez pas à développer votre ressenti vis-à-vis de tout ça, ça pourrait
nous être utile pour réfléchir ensembles.
Merci
Steff
Bonjour Steff,
Alors, je dois avouer que ce n'est pas simple de donner mon ressenti. J'ai quand même remarqué que mes Princesses se sont quand même un peu calmées si je repars 1 an-2 ans en arrière ,période pendant laquelle j'étais vraiment plus que désemparée.
Mais,elles me connaissent bien et elles en jouent (j'ai l'impression). Cela est au quotidien.
Par exemple,il leur arrive de ne pas vouloir ranger leur chambre. Je vais leur redire plusieurs fois et finalement,au bout d'un moment,ça m'agace et je le fais avec ou sans elles.
Il leur arrive de me répondre ou de se faire mal entre elles,du coup,je les punis mais elles font comme si de rien n'était. En fait,je ne sais pas quoi faire pour les calmer (le coin:elles n'y vont pas,dans une pièce isolée:elles sortent direct),l'explication (dur quand elles crisent)...
Mais,en ce moment,le point fort,c'est l'avant-coucher:excitation maximale quand leur Papa travaille (il n'a que dimanche soir de repos!!!!).
Pour commencer,elles ne veulent pas monter,ensuite,elles courent-sautent,ne viennent pas se laver les dents,puis passent d'une chambre à l'autre. Quand la tempête est passée,qu'elles sont au lit,je dois remonter en moyenne 5-6 fois ou plus pour leur dire d'éteindre la lumière,de retourner au lit,d'arrêter de se lever...
Voilà,quelques exemples qui je l'espère sont assez clairs!
En général,je me sens dépassée,nulle et comme je m'énerve,je culpabilise un max!!!!
A cela s'ajoute le fait qu'étant à la maison,je rêverai de pouvoir donner à mon Chéri et mes Princesses le maximum de confort et de bien-être dans une maison nickel mais je n'arrive pas à faire tout ce que je souhaite. Je crois que je me mets (inconsciemment) une pression et du coup,je me sens (parfois) un peu bonne à rien. Je me dis que je n'ai pas le droit de me poser et quand je le fais ,je culpabilise. Je crois que j'ai peur de ce que les autres pensent de moi qui suis toujours en vacances dixit une "copine"!!!!
Désolée de la longueur mais j'aurai plein de choses à dire et je vous remercie d'avance!
Bonne journée,
Emmanuelle
Merci pour toutes ces précisions. Je vais maintenant tenter de vous apporter pistes de réflexions et soutien.
Être maman au foyer, c'est un job à temps plein. Très enrichissant, mais aussi épuisant. Par rapport aux enfants, la personne qui reste à la maison devient la figure d'attachement principale, mais aussi celle à qui les enfants vont s'opposer le plus. Pas facile à vivre lorsque l'on a l'impression d'être celle ou celui qui donne le meilleur de soi au quotidien pour eux. Une sorte "d'ingratitude" qui peut pousser à baisser les bras, et à perdre pieds dans la relation à ses enfants.
Prenons le dans un tout autre sens, voyons le sous un autre angle. Celui de la confiance inconditionnelle que mettent vos enfants en votre amour. Oui, ils peuvent se permettre d'explorer, de s'exprimer, de s'opposer, de crier, de pleurer, se permettre de créer leurs propres identités, grâce à vous, parce qu'ils sont certains que, quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils disent, vous serez là pour les soutenir, les accompagner et les aimer.
Parlons un peu de cette fameuse "autorité" dont on nous rabats les oreilles. Quelle est-elle? Celle dont tout le monde parle, celle qu'il faut avoir selon les critères de notre socièté, est celle de la violence, celle de la discipline bête et méchante, parce un enfant, doit obéir, un enfant doit suivre les consignes de son parent, parce qu'il n'est qu'un enfant. L'autorité est devenu le mot banalisé, pourtant dans la réalité du quotidien de nombreux enfants, il n'est qu'autoritarisme et soumission à des règles absolues dictées par la toute puissance de l'adulte.
Pour ma part, quand je parle d’éducation des enfants, je parle d'accompagnement, de soutien, de limites et de repères, mais surtout de respect de l'enfant.
Je pense que pour accompagner son enfant, il est important de ne pas viser l’obéissance, mais la confiance. La relation s'en verra totalement changée.
Bien sur, changer ses habitudes, même si l'on est convaincu du principe même de l’éducation non violente et respectueuse de l'enfant n'est pas simple. Il faut sans cesse lutter contre soi, contre des années d'habitudes culturelles. Mais je vous assure c'est possible!
Mais passons au concret et à ce que vous vivez. Je vais m’intéresser aux situations que vous avez évoquées et tenter de réfléchir avec vous à ce qu'il est possible de faire pour que vous viviez au mieux la relation avec vos enfants. Trouver des petites astuces pour ces situations vous permettra sans doute d'en trouver d'autres pour adapter votre comportement lors de nouvelles situations qui vous paraissent compliquées.
Dans votre premier mail, vous parlez de rangement de chambres. "Par exemple,il leur arrive de ne pas vouloir ranger leur chambre. Je vais leur redire plusieurs fois et finalement, au bout d'un moment,ça m'agace et je le fais avec ou sans elles. " A l'âge de Lou-Anne et Ninon, ces moments peuvent être ritualisés. Ainsi, être prévus, comme une habitude. Avec elles, vous pouvez tout d'abord définir d'un jour de rangement, et faire, par exemple du mercredi matin le jour du rangement. Vous pourrait grâce à cela anticiper auprès elles le mardi soir par exemple. Demain, c'est le jour du rangement de vos chambres. Elles sont prévenues et peuvent anticiper ce chamboulement dans leur univers. Parce qu'il est aussi important de comprendre qu'il s'agit là d'un bouleversement dans leur lieu de vie, leur lieu à elles. Il est aussi important de le respecter et de ne pas tenter de leur imposer un rangement quotidien complet et obligatoire. Si certain jouet ou jeux trainent au sol. Ils sont peut-être encore là pour être utilisé le lendemain. Peut-être pouvez vous négocier de ranger tels ou tels jeux qui risquent d'être abimés, ou que vous ne supportez pas de voir trainer. Ainsi, demander à votre enfant de vous aider (en premier lieu) à ranger un jeu bien précis. Il est important d'accompagner son enfant dans le rangement. Pas seulement en rangeant avec lui, mais en lui indiquant la marche à suivre. "Tu ramasses ce morceau et le mets ici. Il reste encore un morceau ici.." Il peut être déroutant pour l'enfant et abstrait de devoir "ranger". Pour entrevoir tout le sens de ce mot, il faut pratiquer et comprendre que le rangement est différent pour chaque jeux ou jouet. Il faut aussi imaginer que pour l'enfant ranger toute une chambre peut être un objectif bien trop grand et très angoissant. Face à l'immensité de la tâche, il ne sait ni par où commencer ni si il va y parvenir. Face à un possible echec, il tentera puis se découragera.
Le rangement peut aussi être ludique, et amusant. En musique par exemple. Proposer ainsi de ranger pendant 3 chansons et quand la troisième chanson sera terminée, peu importe où en est le rangement, il devra s'arrêter. Une grand course peut s'engager. "Je ramasse tous les jouets de ta cuisine et toi tous les vêtements de tes poupées, c'est toi ou c'est moi qui vais avoir fini en premier? attention, feu-prêt-partez!!! ". Vous pouvez aussi créer une "carte du rangement" avec vos enfants. Un dessin de la chambre, en leur expliquant que vous allez commencer par telle ou telle partie de la pièce. Puis revenir à la carte et leur demander de choisir une autre partie de la pièce. Objectifs par objectifs, ce devrait être plus simple. Si vous êtes dans un moment où vous n'avez pas envie d'accompagner vos enfants (vous avez le droit d'être fatiguée, de ne pas avoir envie) alors rangez la chambre si pour vous c'est important. Si ça ne l'est pas cela peut attendre... Ne forcez pas vos enfants à ranger si c'est juste parce que le désordre vous agace.
De manière pratique. Pour permettre à vos enfants de vous satisfaire, il leur faut également des lieux faciles pour ranger, ainsi de grosses caisses qui se fermes et où ils peuvent sans soucis de tri mettre leurs jouets et ranger de manière rapide et efficace en refermant les caisses. Le vide se faisant rapidement, la satisfaction de l'enfant est là. Progressivement les caisses pourront être estampillées plus précisément pour permettre un tri par objets ou type d'objets.
L'avant coucher de vos filles semble aussi vous poser un soucis. Là encore, les rituels et habitudes peuvent vous aider à faire évoluer la situation.
Dans la journée, Il s'agira pour vous de prendre un temps avec vos filles autour de la table. D'apporter une grande feuille et des feutres. Une fois installées, vous allez leur proposer de créer une liste des habitudes du soir. Elle peut prendre la forme que vous souhaitez, photos de vos filles dans l'action, dessins, découpage d'images dans les magasines. Ce qui est incontournable, c'est l'écrit qui est la base de tout.
Introduire avec vos filles, que chaque soir il se passe les mêmes choses et que vous allez les écrire pour pouvoir se le rappeler chaque soir.
Exemple de liste :
- Lou-Anne, Cassandre et Ninon prennent leur bain à 18 h
- Lou-Anne, Cassandre et Ninon, font des dessins avant le repas
- 19h Lou-Anne, Cassandre et Ninon prennent leur repas
- 19h30 Lou-Anne, Cassandre et Ninon se lavent les dents
- Papa rentre
- Papa lit une histoire à Ninon, puis à Lou-Anne, puis à Cassandre dans leurs lits
- Maman vient faire des bisous et des câlins à Ninon puis à Lou-Anne, puis à Cassandre
- Ninon, Cassandre et Lou-Anne restent dans leurs lits
Les disputes entre sœurs.
Ces disputes sont inévitables, tout comme la violence qui peut s'en suivre. Votre rôle est de permettre à chacune d'être reconnues tant dans sa violence que dans sa douleur. De proposer à celle qui a "taper" de réparer et à celle qui a été tapée de pardonner. Plus clairement de demander à celle qui a taper de s'excuser, et de faire un bisous ou une caresse par exemple tout en disant je suis désolée de t'avoir fait mal. Et de demander à celle qui a été taper de dire, oui je te pardonne. Il est aussi important de demander à celle qui a été dans la violence d'exprimer le pourquoi de cette violence. De l'encourager à verbaliser pour lui permettre de remplacer les coups par des mots. "tu sais, plutôt que de taper ta sœur, il faut utiliser des mots, dire que tu n'es pas d'accord, expliquer ce que tu souhaites."
Pour finir, votre ressentie de maman est tout à fait compréhensible. Être la responsable de tout à la maison vous donnes l'envie d'être irréprochable. Il va vous falloir lâcher prise pour être plus détendue. Vous consacrer à certaines choses que vous ferez à fond, et d'autres que vous pourrez laisser couler et reprendre plus tard.
Ne lâchez pas prise sur l'idée d'un éducation sans violence auprès de votre conjoint. Pour vous aider, des extraits de livres peuvent vous aider à appuyer votre propos auprès de lui.
Je vous recommande aussi plusieurs livre qui pourront vous aider dans votre quotidien de maman.
- "J'ai tout essayé" d'Isabelle Filiation
- "Au cœur de émotions de l'enfant" et "il n'y a pas de parents parfait" du même auteur
- "Parents efficaces : Une autre écoute de l'enfant" de Thomas Gordon
- "Poser des limites à son enfant et le respecter" de Catherine Dumonteil-Kremer
Si vous avez besoin de précisions, ou que vous avez d'autres questions n'hésitez pas.
J'invite les lecteurs ou lectrice du blog à partager avec nous leurs quotidien, leurs astuces, leurs idées!
J'adore la technique ludique pour ranger la chambre : je la garde en mémoire pour plus tard (pour l'instant j'ai de la chance, il range de lui-même --> ça c'est le côté de son papa, certainement pas le mien ;))
RépondreSupprimerPiafette
j'ai aussi des soucis du fait qque j ai 3 loustiques , depassee certainement mais c est vrai qu il existe des astuces imparrables
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