mardi 23 décembre 2014

La nuit et le jour...


Nous sommes aux portes de Noël. Et cette année, nous le fêterons juste nous quatre.
PetitFlocon passe encore de trop mauvaises nuits pour pouvoir prétendre à un Noël en dehors de notre maison.

Ces dernières semaines sont clairement estampillées "manque de sommeil".

PetitFlocon se réveille au minimum toutes les heures, ce peut-être tout les quarts d'heures pour certaines nuits. Il a d’énormes difficultés à trouver le sommeil la nuit. La peur, une douleur plus forte dans la position allongé, des tensions? Je ne sais pas vraiment.

L'ostéo dit qu'effectivement il a des tensions au niveau des membranes. Nous avons donc rendez-vous pour une séance vendredi. J'espère que ça va l'aider.

Personnellement, même si je ne comprend pas vraiment ce qu'il se passe lors de ces nuits de veille, je pense quand même que l'angoisse est une des sources du problème, se couplant sans doute à la douleur.

Je me souviens que lors de sa première chirurgie, il avait déjà été très fort insécurisé et que l'on avait mis du temps à l'apaiser. 
Là, c'est encore pire. Il refuse même de manger liquide la nuit. Lui qui buvait encore plusieurs fois, n'accepte plus du tout de lait. Mais il a faim. Me voilà donc contrainte à lui donner à manger à la cuillère la nuit. J'ose dire que ça pique, franchement!!!

Et puis les réveils sont suivis d'endormissements chaotiques, de pleurs interminables, de bercements longs et parfois inefficaces pendant parfois plusieurs heures.
Il pleure dans mes bras, pleure dans son lit, pleure dans les bras de son Papa, pleure couché, pleure debout et assis. La nuit réveille quelque chose en lui, c'est indéniable.

Nous, on est épuisés. Le manque de sommeil ça te ruine un cerveau trèèèèès rapidement. Je n'en suis pas encore à ce stade, mais je comprend aisément comment une mère, ou un père au bout du bout peut secouer son enfant juste pour le faire taire. Partagé entre l'envie de soutenir son enfant et celui de dormir. La limite à franchir lorsque l'on a dormi à peine 5 heures en trois jours, est très fine, vraiment.

Heureusement les vacances sont là et nous offrent un peu de calme dans le rythme de la journée. On retrouve du plaisir, et du bonheur, on se remplie d’énergie d'amour, toutes simples, sans pression aucune liée au quotidien! Même si ça ne remplace pas le sommeil, ça comble tout de même.

Et puis, il ne faut pas oublier que même si nous avons perdu quelques beaucoup d'heures de sommeil, PetitFlocon a gagné un palais.

Et ce n'est pas rien!!!

Depuis il mange! plus de fausse route, plus d'aliment coincé dans le nez.
Il croque, mâchouille, goute à tout, et en redemande!

C'est merveilleux de le voir pouvoir vivre ces instants à presque 9 mois (déjà).

Et puis il a la chance d'être le deuxième (on lâche bien prise pour le deuxième, tu verras!) et surtout d'être autorisé à manger comme il veut, ce qu'il veut, le principal étant qu'il mange!

Du coup, danette, biscotte, fromage, brioche au chocolat sont au menu, il se fait plaisir!! Laissant de côté les légumes et même parfois les compotes, préférant clairement les morceaux de bananes ou de pommes.




C'est une nouvelle étape dans sa petite vie, et pas des moindres, certainement tout aussi importante que les autres.
Reste maintenant à l'aider à se réassurer, à se sentir apaisé. Je n'ai pas encore le mode d'emploi, mais je ne perds pas le courage, le plus dur est derrière nous. Et même si, comme j'ai l'habitude de dire,  rien ne doit être minimisé par une comparaison, ça fait parfois du bien de relativiser de cette manière!

Joyeux Noël à toi!!
Plein de douceurs...

mardi 16 décembre 2014

9 mois fois deux...


Il a grandi neuf mois dans mon ventre, protégé, attendu, imaginé, projeté dans ce qu'il pourrait être alors que nous savions déjà qu'il aurait ce petit truc en plus, ou en moins.

Il a suffit d'une visite prénatale pour comprendre que rien ne se passerait normalement.

"Il a une fente labio palatine"...
C'est tombé, comme ça. Surement de la meilleure façon qu'il soit. Simplement.

Dans l'instant, un peu abasourdie, mais totalement dans la concience, j'acceuille, je reçois l'information, je m'en détache presque. Remonte à moi le souvenir de mes cours à ce sujet.
Et puis nous rentrons chez nous.

Neuf mois vont s'écouler lentement. Je vais chercher, penser, construire tout un projet autour de lui, de notre allaitement, des soins de cette malformation.

Mon corps se prépare à le découvrir. Mais mon inconscient repousse cette rencontre. Je ne lâche pas prise. Quatre jours s'écoulent après terme avant que l'on choisisse de déclencher l'accouchement. En moins d'une heure les contractions arrivent. J'accepte enfin son arrivée. Chaque contraction me rapproche de lui. De ce nouveau "nous" à quatre. Je marche, je gravie les marches de la maternité, je fais du ballon, je l'aide, je veux l'aider.
Le gel qui doit déclencher l'accouchement est posé depuis 3h, mais mon col bouge peu... Puis en une heure, après cette phase de désespérance, il se dilate complétement en moins d'une heure, bébé s'engage. Quelques poussées et nous le découvrons. En une minute nous avons déjà oublié son visage si particulier.

C'est le début de ce combat pour l'allaitement. Même si il a débuté bien avant sa naissance dans le découragement ambiant de tout les professionnels que je rencontre. Je tire mon lait en prévision pendant tout le dernier mois. Je remplie des seringues de ce précieux élixir. Ce tirage quotidien me construit en tant que "sa maman". Il s'alimentera uniquement à la seringue pendant 2 mois jusqu'à ce que nous trouvions LE biberon qui fonctionne pour lui.

C'est aussi le début des angoisses au sujet des chirurgies.

Jour après jour, semaine après semaine. Pris dans "le faire", je ne vois pas qu'il grandi. Je ne profite pas vraiment. L'attente des chirurgies m'empêche de lâcher prise. Le rythme des tirages de lait me tient dans ce quotidien, il est l'objectif de chaque jour.

Première chirurgie en mai. Il a mal, il ne mange pas mieux. L'allaitement est toujours impossible.
Il a fallu que je le laisse, que j'arrive à faire confiance à ce monde médical si austère. Son petit corps me crit sa douleur, ses peurs. Je culpabilise, je ne supporte plus mon impuissance, mon incapacité à contrôler. Je tire mon lait, c'est tout ce qui me réassure sur mes compétences.

L'été passe, dans un rythme quotidien de tirage de lait toutes les deux ou trois heures, puis les bib toutes les deux heures. Le nez dans le guidon, je ne pense qu'à ça, je ne vis que ça. Le prochaine chirurgie va arriver tellement vite. Chaque jour je le met au sein, chaque jour je vis cet échec, chaque jour je vis son rejet. A la fin de l'été je décide de ne plus lui proposer quotidiennement, d'arrêter de me faire du mal. Je lui propose uniquement une fois par semaine. Puis doucement j'oublie.

Il sourit. Il rit. Il commence le quatre pattes, à se mettre debout.

Je le remet au sein. Il ne me rejette plus. Il ne tète pas non plus. Une petite victoire. Un peu d'espoir.
Mais je suis fatiguée. Je n'ai plus la force de tenter, de ressortir mes accessoires.

La neige est là.

Sa seconde chirurgie a lieu en décembre. Il a huit mois.
Ça y est son palais est reconstruit.

Mais lui, il va mal. Il pleure beaucoup. Toute sa sécurité est ébranlée. Et mon sein qui ne peut être un refuge. Je n'ai pas réussi à l'allaiter. Comme on me l'avait prédit. Cette déception est si forte. Il refuse parfois même de boire mon lait que je peine à tirer. La nuit, avant la chirurgie il buvait plusieurs fois, et depuis notre retour, il refuse son biberon, il accepte uniquement de manger un petit suisse à la cuillère en pleine nuit, plusieurs fois. J'ai presque oublié la sensation de s'endormir avec son bébé au sein. Comme si cet allaitement avait recouvert celui que j'ai vécu avec sa sœur. Pourtant il avait duré 4 ans...

Il va avoir 9 mois. Et je me rends compte que j'ai beaucoup subit mon impuissance face à tout ça.

Dix huit mois. C'est ce qu'il aura fallu comme temps pour reconnaitre que je dois accepter. Tenter de vivre simplement. Oublier ce petit morceau de vie qui ne définira jamais ce qu'il est et ce que nous sommes.
Faire le deuil de ce bébé attendu, de cette grossesse rêvée, de ce second allaitement qui n'est qu'un piètre ersatz d'allaitement me laissant un goût amer.
Arrêter de tenter, sans avoir le sentiment de renoncer. Je dois être fière de tenir ce tire allaitement et parvenir à me contenter de ça.

Notre tout petit est arrivé chez nous avec sa différence, ce petit truc en plus ou en moins.
J'ai choisi l'action, j'ai choisi l'immersion, et puis j'en ai oublié de juste le regarder. De juste profiter, m’émerveiller. Cependant, j'oublie les regrets. J'ai fais comme je pouvais. C'est ce qui m'a, sans nul doute, permis d'avancer et de continuer à ses côtés.

Aujourd'hui, j'ai envie de profiter, de prendre le temps de le regarder. De vivre notre vie de famille le plus normalement possible. De prendre le temps de le voir grandir, changer, découvrir, apprendre. Je veux retrouver le bonheur de notre famille. Comme avant.
Je n'ai rien à réparer, mais tout à construire autrement.

Je suis cette mère qui, 9 mois fois deux après, est enfin prête à lâcher prise... 



lundi 15 décembre 2014

L'opération du palais

Presque quinze jours que PetitFlocon a été opéré de sa fente palatine.
Je trouve seulement maintenant un peu de temps pour venir déposer, ici, quelques mots.
Oui, je cours après le temps. PetitFlocon en consomme énormément.

La chirurgie s'est ben déroulée et ce qui devait être réparé l'a été. C'est ce qu'on peut appeler une chirurgie "réussie".

J'ai encore une fois laissé PetitFlocon dans les bras d'un infirmier. David, un barbu souriant qui a tout de suite plu à PetitFlocon qui lui a doucement caressé la barbe en nous regardant nous éloigner.
Quand les portes du bloc se sont refermées, mon petit coeur de maman, s'est brisé en mille millions de morceaux. Les jambes coupées, la douleur au ventre et les larmes aux yeux, l'attente a commencé; une longue attente. Et puis le reveil  a appelé, on pouvait allé le chercher, le retrouver.

Mon tout petit, les yeux fermés, allongé dans dans son lit à barreaux, qui pleure dans le sas qui sépare la salle d'attente ambulatoire et la salle de réveil. Et moi qui n'ose pas avancer, l'infirmière qui attend son tour, et mon bébé qui pleure. Quelques minutes interminables se sont écoulées.

De retour dans la chambre j'ai enfin pu le prendre dans mes bras. Branchés un peu partout, c'était peu confortable pour lui, mais mieux que dans son lit.
Il a pleuré en continue pendant de nombreuses heures, à dire vrai toute la première nuit. Parvenant parfois à plonger dans le sommeil quelques instants, pour être réveillé par la douleur lors de la déglutition. 
Mon PoiluChéri devait rentrer pour s'occuper de PetiteFleur, mais impossible de nous laisser, PetitFlocon souffre trop, c'est trop compliqué pour moi de gérer toute la nuit sans dormir. Il faut dire que les nuits précédentes n'ont pas été reposantes, PetitFlocon a sorti sa première dent, tu imagines bien que ça n'a pas été de tout repos.
Cette nuit là, dans notre chambre, PetitFlocon passe de mes bras à ceux de son Papa. L'infirmière est très présente. PetitFlocon, malgré tout les médicaments a très mal. Il a aussi faim. Nous tentons même de lui donner une glace à la vanille fraise. Mais il n'en veut pas.
La nuit passe, une journée encore difficile aussi. Puis une autre nuit à peine mieux que la précédente. PetitFlocon remange enfin. Après l'avoir reperfusé deux fois parce que le cathé se bouchait, avec le médecin on décide de dé-perfuser et de passer en per os. Nous sortons en milieu d'aprem. Il n'est plus utile de rester à l’hôpital.

Nous passons quelques jours chez mes parents. PetitFlocon passe de longues journées, mais ce sont les nuits les plus dures. Il a mal. Il a peur, il pleure beaucoup et met longtemps à se rendormir dans nos bras.

Il ne sourit plus beaucoup, et surtout a du mal à quitter mes bras.

Nous sommes rentrés chez nous il y a presque une semaine. Depuis chaque jour ça va un peu mieux. Mais les nuits sont toujours chaotiques.

Le temps me manque pour te raconter.
Je reviendrai plus tard.

Belle journée à toi!

Mon bébé sourire, juste avant de partir au bloc