vendredi 20 février 2015

J'abandonne

Parfois il faut savoir s'arrêter.

Et là je crois que face à une telle résistance au changement, une telle inertie, si je continue, je vais droit à l'ulcère.

Tenter de faire changer le regard des gens sur les enfants, sur leurs besoins, c'est à la limite du sacerdoce.

J'abandonne. Non sans regrets, sans culpabilité. Mais j'ai d'autres combats à mener pour ma propre vie.

Je ne peux plus entendre une fois de plus, "ça n'a jamais tué personne" comme validation à la violence éducative ordinaire sous peine de, moi même, ne plus être bienveillante du tout.

Tenter de m'investir en tant que parent d'élève pour tenter de porter la voix de ceux et celles qui en avaient besoin, ne peut pas fonctionner avec qui je suis, avec ce que je représente dans le regard des autres.

Mais oui voyons! Je ne suis qu'une mère libertaire qui ne donne aucune limite à ses enfants. C'est à cause de personne comme moi que la société va mal!

Je ne peux pas transmettre le regard d'un parent qui se questionne sur ce que vit son enfant à l'école, dès lors qu'il s'agit de remettre en question des pratiques éducatives ou des choix pédagogiques, sans que l'on s'imagine qu'ils sont dit de ma propre initiative.
Mais de toute manière dans l'absolue, je ne peux pas remettre en question des pratiques ou une pédagogie.

J'abandonne, je ne me fatiguerai plus. Je sais, c'est fort dommage de pas faire entendre cette petite voix, ce murmure, ce petit souffle de changement, de différent face au groupe.

L'école est un lieu saint. Personne ne peut y pénétrer mal chaussé.
La bienveillance éducative et l'éducation positive y sont persona non grata.

L'enfant doit se soumettre aux règles, au pouvoir de l'adulte, obéir! Ce sont des compétences de futur citoyen.

J'arrête de vouloir tenter de changer cela pour tous.
Je me concentre sur mes enfants. Sur comment gérer au mieux pour eux cette relation avec l'école. Sur comment faire avec.
Parce qu'il s'agit de ça, faire avec et s'en débrouiller.

J'aimerais tant trouver LE petit truc, celui qui me permettrait de transmettre, aux enseignants de l'école de ma fille, mon envie de voir toutes ces violences ordinaires faites aux enfants, disparaitre...
Partager des lectures, des idées. Les sentir s'engager sur le chemin de l'éducation positive avec autant d'engouement que celui qu'ils suivent aujourd'hui mais, qui est bien loin de tout ça. Pourquoi tant d’énergie gaspillée à punir, à récompenser, à vouloir formater les enfants à une obéissance aveugle?

Tout cela me touche trop, je sens que c'est un combat trop lourd pour moi. Sans un engagement plus fort, plus politique, je vois mal comment faire changer ce monde. Et ça me désole...




Pour plus d'informations sur les violences éducatives ordinaires : http://www.oveo.org
Je vous invite aussi à revoir ma petite bibliothèque de parent, vous y trouverez des ressources à ce sujet. 


mardi 10 février 2015

Je n'ai plus de super pouvoir

Avant j'avais un super pouvoir.

Je l'ai utilisé presque deux ans la nuit et un an de plus le jour, avec PetiteFleur. Je n'avais même pas conscience de ma chance!

Il me servait à la rassurer, à calmer ses pleurs, calmer une douleur, il me permettait aussi de la sortir de conflit avec les autres, d'apaiser sa faim, sa soif, n'importe où, n'importe quand.

Et surtout, il me permettait de dormir. Ooooooh oui, dormir. Ça me fait presque des frissons de l'écrire tellement j'en rêve!

Avant j'avais un super pouvoir, je pouvais mettre PetiteFleur au sein.

Elle se réveillait beaucoup, chaque nuit, de 3 à 20 fois. Et notre solution miraculeuse c'était le sein. Elle s'y blottissait et nous pouvions nous rendormir paisiblement. Bien sur, je trouvais ça difficile et laborieux tout ces réveils, mais rien à voir avec vivre ces nuits sans ce super pouvoir!

PetitFlocon ne s'accroche toujours pas. Et après 10 mois, j'ai peu d'espoir qu'il le fasse un jour. De toute façon, je suis lassée d'essayer. Lassée, fatiguée c'est un peu le leitmotiv du moment!

Cette nuit, en plus des reveils toutes les heures depuis 20h, j'ai passé trois heures à rendormir PetitFlocon, de 3h à 6h, coincée entre endormissements, réveils, et pleurs.

Je n'ai plus de super pouvoir. Mes bras ne sont pas aussi rassurants, aussi apaisants que pouvait l'être mon sein.
Je fais avec. J'avais même l'impression d'avoir accepter que PetitFlocon ne tète pas. Et puis, finalement, cette incapacité à le soulager fait remonter des sentiments d’échec, de culpabilité de tristesse tout simplement. J'accueille tout ça sans trop savoir quoi en faire à part le déposer ici.
Je me rassure en me disant que malgré tout il a encore mon lait, durement récolté, chaque jour, depuis presque un an.

Bientôt PetitFlocon sera aussi grand que sa sœur et tout ce manque de sommeil sera bien loin.
Je suis sure que ça me manquera et que je ne me rappellerai que de ce sentiment si doux qu'est celui de sentir son bébé s'endormir dans ses bras.